Paris Noir – Circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950-2000

Par: Thomas Spartacus

Paris Noir – Circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950-2000

Publié le 11 juillet 2025

[Note de la rédaction]

En apparence engagée, l’exposition Paris Noir – Circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950-2000, curatée par Alicia Knock et Eva Barois de Caevel, prétend rendre justice aux voix artistiques issues des Suds globaux. Si elle éclaire comme elle le peut la richesse des œuvres et des pensées décoloniales, elle échoue pourtant à traduire la vitalité des rythmes et la résistance qui animent ces territoires et les esthétiques y découlant. Dans un Paris encore centré sur ses propres normes culturelles – et qui reste souvent un passage obligé pour les artistes racisé·es en quête de légitimité – cette proposition curatoriale révèle autant les progrès accomplis que les limites persistantes d’un monde de l’art trop souvent figé. Ce retour critique se veut une prise de position : saluer l’initiative, tout en questionnant ses angles morts.

Georges Coran, Délire et paix, 1954

J’ai apprécié cette exposition qui mettait en lumière des œuvres, des artistes, ainsi qu’un courant de pensée dans toute sa beauté, mais aussi dans sa complexité. Ce type d’initiative est essentiel, notamment pour permettre aux jeunes générations issues de ces penseureuses, artistes et territoires (descendants des anciennes colonies d’Afrique, des Caraïbes, et plus largement du Sud global) de poser des mots, des noms et des réalités sur des questionnements qu’iels peuvent rencontrer. Cela touche autant à la construction de leur identité qu’à la confrontation entre leurs réalités et celles, dominantes, de l’Occident, en particulier à Paris.

Cartel thématique au sein de l'exposition

Je regrette toutefois le manque d’incarnation dans cette exposition, qui n’a pas su retranscrire le mouvement et la dynamique propres à ces territoires, ni à leurs habitant·es, passé·es et présent·es. L’exposition restait fidèle aux standards statiques d’exposition. Or, le mouvement est justement la manière dont ces populations créent, pensent et partagent ce qu’elles sont.

1er Congrès des écrivains et artistes noirs, septembre 1956, Paris

Thomas Spartacus

Thomas Spartacus, Martiniquais de 25 ans, je navigue entre communication d’influence, opinion publique, géostratégie et théâtre.

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